La guerre du cuir est déclarée !

Longtemps réservé à l’élite de la société, donc à un public restreint, on assiste depuis quelques années à une démocratisation du cuir. De nombreux secteurs sont touchés par ce phénomène.

Le cuir, matière sous haute tension

En premier lieu, celui de la mode. Les créateurs de marques populaires jouent volontiers avec la peausserie : par touches sur les vêtements bi-matières ou bien comme matière principale. La filière du prêt à porter basique est particulièrement frappée ces derniers temps par la banalisation des articles en cuir. Quelle marque milieu de gamme ne propose pas sa petite veste en cuir, pour ne citer que cet exemple.

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Face à cette offre de plus en plus large, les articles sont de plus en plus accessibles. L’ameublement n’est pas en reste, loin s’en faut. Le canapé en cuir réservé quelques années auparavant à une clientèle exigeante et aisée, connaît lui aussi une démocratisation spectaculaire. La matière, même dans la filière de l’ameublement n’est plus seulement réservée à une clientèle élitiste. C’est un constat de société, cuir et luxe ne sont plus indissociables. En revanche, la demande en cuir qualitatif affiche une croissance forte, au point que l’offre n’arrive plus à suivre la cadence. Cette situation, propice à l’élévation des prix de la matière, fait craindre un avenir morose pour ne pas dire très incertain aux principaux acteurs de cette industrie du luxe qui redoutent tant la pénurie en cuir que l’envolée des cours.

La France est particulièrement impactée par ce phénomène, la France se doit de réagir. Banalisation du cuir pour certains, quête perpétuelle de la perfection pour d’autres :  il se profile deux marchés bien distincts, aux enjeux clairement différents. Celui de la démocratisation du cuir affichant, au mieux, une qualité moyenne ; et celui du luxe, dont l’exigence face à la  qualité est de plus en plus marquée.  Si le premier univers arrive encore à satisfaire la demande parce qu’il se contente de ce qu’il  trouve sur les  marchés, le second, lui, prend, des mesures aussi radicales qu’efficaces.

L’industrie française en pôle position

L’industrie française de la maroquinerie de luxe est l’une des premières au monde ; pour autant, la demande ne faiblit pas, elle n’a jamais été aussi fortement sollicitée. En France, le secteur de la mode, associé ou non au domaine de la maroquinerie de luxe, comprend les représentants les plus prestigieux (Hermès, Vuitton, Chanel…). Et ce, tant au niveau de la conception du produit final relayé par les noms de la mode, que par l’approvisionnement en matière brute. La France compte quelques tanneries de renom disposant d’un savoir faire aussi élevé qu’envié . Cette compétence démarque notre pays sur la scène internationale.

La qualité de la maroquinerie française n’est plus à prouver, la renommée de la filière dépasse les frontières de l’Hexagone. Ainsi, les asiatiques et les russes sont particulièrement friands de la luxueuse production  française.  Cette attirance s’est ajoutée à la demande historique déjà conséquente. Ce qui pourrait être une excellente nouvelle s’avère finalement être une difficulté supplémentaire en mettant les industriels français en demeure de produire davantage donc d’accroître leurs besoins en cuir de qualité.  C’est là que le bât blesse… Pourtant, des idées simples impactant notamment le secteur de l’élevage en amont, permettraient d’augmenter de façon signification la production. En effet, pour croître la quantité de peaux brutes de grande qualités disponibles.

En prenant des mesures aussi anodines qu’une campagne de vaccination du bétail  (notamment contre la teigne), par l’installation de clôtures moins agressives que les traditionnelles barrières en barbelés, ou bien encore par de meilleures conditions de transport des animaux… La qualité d’un cuir dépend essentiellement de la qualité de la peau à l’état brut. Les cicatrices et autres marques de vie de la bête feront les défauts du cuir de demain !

Les grandes marques passent à l’attaque !

Fond de commerce évident, vitrine internationale de leur savoir faire, les grandes marques de l”industrie du luxe n’entendent pas se laisser dépasser par les évènements. D’autant que les plus grandes griffes françaises, peu optimistes vis-à-vis des perspectives de développement particulièrement limitées que leur offre le territoire national, misent gros sur la demande grandissantes des pays émergents, Chine et Russie en tête. C’est la raison pour laquelle, un fort courant de changement anime le secteur. L’idée est d’éviter à tout prix une situation de réelle pénurie de matière, une baisse de la qualité des peaux à travailler mais aussi et surtout une dépendance totale envers les tanneurs, ce qui les rendraient vulnérables.

Ainsi, on observe, depuis peu, une prise en main de l’appareil productif par les grands industriels du secteur du luxe. Dernière en date, la société Chanel a annoncé, la semaine dernière, qu’elle faisait l’acquisition de la tannerie Bodin Joyeux basée en Indre, tannerie avec laquelle elle collabore depuis de très nombreuses années. Malgré tout, cet événement est une grande première pour le groupe, mais c’est à ce prix que la maison Chanel sécurise ses approvisionnements en matière première, et qu’elle assure le maintien et la pérennité d’un savoir faire exceptionnel sur le sol national. Chanel n’a finalement fait qu’emboîter le pas sur d’autres industriels de renom comme Hermès et Kering, eux-mêmes inspirés par le rachat de tanneries par Weston et Vuitton. Il y a fort à parier que le mouvement se poursuive, pour la plus grande sérénité des tanneries françaises qui éprouvent, par ailleurs, de sérieuses difficultés à financer et sécuriser leur stock de cuir, de plus en plus coûteux, de plus en plus précieux.

 

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