Créé en 1973 par le designer Michel Ducaroy et édité par Ligne Roset, le canapé TOGO a fait son entrée en lice au Salon des Arts ménagers de Paris. Même s’il ne fait pas l’unanimité, il remporta le prix René-Gabriel qui récompense les meubles réalisables en série (donc de bon rapport qualité/prix) et innovants.
Coup de balai sur le conventionnel
L’appellation est pour le moins originale, le nom Togo est évocateur de contrées lointaines puisqu’il désigne également un pays, la République Togolaise pour être plus précis. Pour quelle raison ? Y a-t-il un lien ?A priori, la version concernant l’origine de l’inspiration du créateur est finalement bien plus terre à terre… et tristement banale. Un objet de la vie quotidienne serait la source de l’imagination. Le talentueux Michel Ducaroy s’est inspiré d’un tube de dentifrice replié sur lui-même. La notion de plis est effectivement reprise dans toutes les coutures et confère aux coussins un aspect fripé caractéristique. A la surprise générale, un prix.
En tout état de cause, l’idée première était de vivre au ras du sol et de créer une assise basse voire très basse au risque de déplaire aux utilisateurs les plus âgés. Reste que l’oeuvre ne leur est pas destinée. La réalisation est en effet complètement décalée, volontairement provocatrice. La naissance de cette ouvrage vient dépoussiérer l’univers hyper conventionnel du mobilier bourgeois stylisé de l’époque. Voulait-on à ce point gommer toute trace de l’existence de la Royauté ? Force est de constater que le contraste est saisissant. Un tel parti pris ne peut laisser insensible : on déteste ou on adore mais rester sur une indifférence totale face à cet objet n’est pas crédible.
[row]Imaginons un instant l’intérieur de la famille bourgeoise à l’époque, vers la fin des années 60. Le mobilier marque une empreinte boisée assez marquée, deux fauteuils aux dossiers bien hissés à la verticale en velours (et néanmoins confortables) trônent dans le salon. Une tapisserie aux motifs extravagants et colorés se tend fièrement aux parois. Le miroir rotin s’affiche sans complexe sur un pan de mur. On accorde un petit meuble pour réceptionner le téléviseur face auquel sont placés nos deux fauteuils imposants. Et essayons d’envisager la banquette Togo dans cet univers hyper conventionnel. Il fallait oser : quelle stupéfaction que de voir débarquer un tel ovni dans l’univers feutré des intérieurs d’alors.
Au-delà d’une assise, une nouvelle conception de vie
Révolutionnaire dans le design mais également dans la façon de vivre. On passe de la position assise hyper droite à l’affalement au ras du sol. Pour éclairer notre lecteur : la hauteur entre notre fessier et le sol est évaluée à 38 cm contre 45cm en moyenne pour nos salons actuels.Autant dire que, à l’instar du look, le confort générait l’enthousiasme ou non. Mais aucune demi-mesure à son sujet !
Le changement ? Quel changement ? Un siège-coussin géant disposant de 3 places sans piètement, réalisé sans armature ni dossier. Il fallait oser. Cette fois-ci, le culot paya. Les adeptes de son confort apprécient l’absence de points durs induite par un matériau de fabrication unique : la mousse polyéther pour un confort absolu. Une housse matelassée de ouate de polyester accroît cette aisance d’utilisation.
Une housse qui a justement contribué à inscrire cette chauffeuse dans l’histoire. Togo s’habille avec une variété de matières et de couleurs jusqu’alors quasi inégalée. Des parures de toutes natures, des plus nobles aux plus répandues : cuir, microfibre, alcantara, laine, feutre, lin, nylon, coton, soie, velours, cuir… s’attribuant une palette de couleurs impressionnante égayée ou non de tous les motifs possibles et imaginables : larges rayures, pied de poule, chevron, bayadère, pois, rosaces… En catalogue, près de 900 coloris en cuir et tissu !
Et l’intérêt est grandissant quand on sait que chaque élément peut arborer son propre revêtement : le jeu de couleur, de damier, de texture et de motif ne pourrait laisser insensible n’importe quel architecte d’intérieur. On commence à mieux cerner les raisons du succès du modèle. D’autant qu’un autre argument joue en sa faveur…
La démocratisation du sur-mesure et de la triple densité
L’arrivée du Togo a révolutionné le champ des possibles. Chaque élément est indépendant, il offre la possibilité de juxtaposition à un autre module mais également d’être employé seul. Comme ce que propose le canapé qui, lui, s’affiche avec deux accoudoirs délimitant de fait l’assise, les autres pièces sont faites pour s’associer et assurer la continuité de la longueur d’assise. A disposition : une chauffeuse de largeur 87 cm, et deux tailles de banquettes (131 cm et 174 cm) auxquelles peuvent se combiner autant d’angle que nécessaire.
Seules les contraintes dimensionnelles limitent les aménagements. En effet, l’infinité des combinaisons réalisables procure des installations très proches du sur-mesure qui ont l’immense avantage de pouvoir facilement s’insérer dans de nombreux salons mais aussi dans d’autres pièces (bureau, entrée, dressing…et même les chambres d’enfants). Son architecture est très typée et lui permet une insertion tout aussi aisée dans une ambiance très moderne ou dans une version stylisée.
Ainsi, Michel DUCAROY a contribué à démocratiser l’inaccessible pour nombre d’entre-nous et surtout à améliorer la fonctionnalité dans nos intérieurs. D’ailleurs Ligne Roset se sert du terme “programme” tant le composable est intégré dans cette collection.Et quand la technicité se met au service du design, cela donne naissance à des créations aussi exceptionnelles que techniques. Envisager l’acceptation d’une position plus décontractée impose l’apport d’un bien-être quant à l’utilisation.
Le pari est, de ce point de vue, particulièrement réussi. Supprimer les points durs et accueillir fermement le corps est une prouesse technique extraordinaire. Pas moins de 3 densités différentes de mousses sont utilisées dans la fabrication de l’article : polyéther (21 et 28kg/m3) ainsi que du polyuréthane haute résilience (communément appelé mousse H.R.) de 26kg/m3. C’est sans doute de ce côté que l’exploit est réel. Quatre décennies plus tard, l’insertion des double-densités dans les fabrications actuelles commence à peine à se banaliser chez les fabricants italiens de milieu de gamme. C’est dire la réelle innovation, française de surcroît.
La french touch
Dans le domaine d’excellence des italiens, l’entreprise familiale française a su se frayer un chemin : celui du bon goût, de l’originalité et de l’innovation. C’est déjà suffisamment rare en soi pour être souligné, mais quant à l’exploit s’ajoute la longévité…
40 ans. C’est ce que fête le modèle cette année. Les festivités ont dores et déjà débutées. L’enseigne propose des éditions limitées et des réductions. Les inconditionnels vont pouvoir renouveler leur décoration, la jeune génération prêtera peut être attention à l’événement… Toujours est-il, le modèle, tout comme la production est invariablement “made in France”. Pour autant, les ventes de la société sont majoritairement réalisées à l’étranger (75% de l’activité de l’entreprise à l’international). Les quelques 1 200 000 exemplaires distribués aux travers de multiples pays contribuent à assurer la pérennité de l’entreprise en Rhône Alpes et l’image de marque à l’international.
La promotion ? Elle est déclarée officiellement sur le site officiel. Moins 20%, est c’est jusqu’au 1er juillet 2013. C’est aussi valable pour les recouvertures, si votre modèle vintage vous sort par les yeux. Il n’y a plus qu’à choisir le revêtement. Et là, on vous souhaite bon courage. Et c’est tant mieux. Le savoir-faire de ce personnel est précieux.