Autun, 1905. Xavier Pauchard est artisan chaudronnier. Au sortir de la première guerre, alors qu’il est à la tête d’une usine d’articles ménagers réalisés en tôle galvanisée, l’idée lui vient transposer le processus pour l’appliquer à l’univers du meuble. C’est une première.
Brève chronologie d’une success-story bourguignonne
En 1927, il dépose la marque Tolix et démarre la production de mobiliers. Chaises, tabourets, fauteuils, vestiaires… sortent de son imagination et de sa manufacture. L’innovation trouve très vite le chemin du succès au niveau local dans un premier temps. La production n’est pas dénuée d’intérêt : les meubles sont proposés à prix accessible, ils sont robustes, légers, empilables et facile d’entretien. Toutes ces qualités vont trouver échos chez les clients qui ne manquent pas. L’adhésion de la population locale lui donne des ailes.
En 1937, il participe à l’exposition Universelle à Paris. Formidable vitrine à l’international, le succès est fulgurant. La production doit être réorganisée pour satisfaire la demande. Tolix équipe en 1935 le paquebot Normandie, inscrivant par la-même le nom de sa manufacture dans le domaine du luxe, du bon goût et de la qualité. Les terrasses des cafés parisiens d’après-guerre se parent de ces assises métalliques. Les écoles, les jardins publics, les hôpitaux, les usines et mêmes les collectivités diverses s’équipent de ce mobilier qui est sans conteste fort robuste et par conséquent, adapté à l’usage qu’ils en font.
Alors qu’en 2004 Tolix est au bord de la faillite, la société est reprise par Chantal Andriot. Si cet épisode marque la fin d’une histoire familiale, il permet en revanche d’insuffler à Tolix le vent de modernité qui lui faisait certainement défaut. Sous l’impulsion d’un nouveau staff de designers et par l’acquisition de machineries ultra-performantes, la marque renoue avec la prospérité.
En 2006 l’entreprise reçoit le label d'”entreprise du patrimoine vivant” décerné par le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie.
L’inoxydable au service du mobilier industriel
L’innovation majeure employée par Monsieur Pauchard réside dans l’emploi du processus de galvanisation appliqué à la fabrication de mobilier. Ce procédé consiste en l’application d’une très fine couche de zinc sur l’ensemble de la structure acier de l’objet pour la renforcer. Ainsi, apposer ce microscopique revêtement peut passer par plusieurs techniques. La technique de la galvanisation à chaud est la plus répandue. Il s’agit de tremper ou de déposer le métal à galvaniser dans un bain de zinc liquide à température très élevée (aux environs de 450° C). La température de 419.50 °C est le point de fusion du zinc, c’est-à-dire la température à partir de laquelle le zinc passe de l’état solide à l’état liquide. C’est la raison pour laquelle ce procédé prend le nom de “galvanisation à chaud”. Une fois recouvert de zinc (et peu importe la méthode de galvanisation appliquée) l’acier devient beaucoup résistant notamment à l’oxydation.
La corrosion n’est pas stoppée, elle est retardée de 65 à 120 ans, selon les conditions climatiques auxquelles l’objet galvanisé est exposé. Cette longévité de résistance lui donne droit à l’appellation de métal inoxydable et permet de comprendre une des raisons du succès.
La mythique chaise Bistrot Tolix
Parmi les nombreuses créations, l’une des plus emblématiques demeure la chaise A et, depuis, ses descendantes (chaise AC, chaise A perforée ou bien encore le fauteuil A56). Un nombre conséquent de cafetiers parisiens notamment, a opté pour ce modèle, qui, à l’époque se voulait particulièrement économique. Son usage en intérieur comme en extérieur est délibérément adapté aux bistrots. Le modèle aurait pu lasser. Et, quand bien même un déclin des ventes s’est logiquement enregistré, fort est de constater que la reprise de la société à apporter un coup de jeune salvateur à la marque comme aux produits. La chaise bistrot n’a pas été épargnée. La multitude de coloris proposés rend ce modèle toujours aussi désirable d’autant que la palette chromatique évolue au gré des dernières tendances. Toujours dans le vent, elle occupe une place de choix dans le coeur des décorateurs d’intérieur qui n’hésitent pas à intégrer cette assise dans leurs projets contemporains auprès d’une clientèle de particuliers.
L’actualité Tolix
A l’occasion de l’exposition milanaise de 2013, la marque s’est tournée vers une valeur sûre, celle de Le Corbusier et propose une série de mobilier aux couleurs de cet architecte de génie, en partenariat avec “les couleurs suisses” . La palette chromatique de 1959 a inspiré les designers pour la 52ème édition du Salon de Milan.
Chaises et vestiaires se parent des quatre nouvelles teintes : le jaune vif, le rouge vermillon 59, le gris foncé 59, ainsi que le bleu outremer foncé 59. Ces nouveaux coloris apportent une touche design dynamique et rend la collection particulièrement attrayante. Le problème est que la palette chromatique s’étoffe : elle offre désormais 47 possibilités. Elle rend de fait le choix pour le plus commun des particuliers indécis très difficile…voire impossible.